Dynamics of Art and Identity in West Africa
Susan Elizabeth Gagliardi
Depuis la fin du XIXe siècle jusqu’àprésent, des anthropologues, historiens de l’art et d’autres observateurs ont consacré de nombreuses études à l’art senufo qui fait partie des styles les plus appréciés des amateurs d’art africain. Sur base d’une étude minutieuse menée dans trois continents la thèse de ce catalogue ouvre des pistes de réflexion et un examen des plus innovants sur une facette de la création artistique dans les communautés de langue senufo et mande de l’ouest du Burkina Faso.
Aujourd’hui disparu, le Museum of Primitive Art (MPA) de New York avait présenté en février 1963 son exposition phare « Senufo Sculpture from West Africa ». Sous la direction de l’historien d’art moderniste Robert Goldwater, le MPA faisait découvrir pour la première fois d’éblouissantes oeuvres attribuées àdes artistes sénoufo provenant de collections privées. Des masques anthropomorphes aux formes exagérées et pourtant délicats, des masques heaumes zoomorphes composites et pourtant cohérents, et des sculptures figuratives géométriques et pourtant tendres illustrent la vision du MPA quant au style sénoufo. Dans le catalogue qui accompagne l’exposition, Goldwater a décrit le contexte culturel des communautés sénoufo dans une région àcheval sur les frontières du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Mali actuels. Plus de cinquante ans plus tard, Senufo sans frontières de Susan Elizabeth Gagliardi dévoile des photographies de contexte et d’objets provenant de différents musées, des archives, et des données rassemblées lors d’études sur le terrain, ainsi que des lettres jamais publiées auparavant, qui rappellent le tour de force du MPA. Senufo sans frontières se penche sur ce qui constitue l’essence sénoufo depuis la fin du XIXe siècle, lorsque le gouvernement français commence la colonisation de la région.
Le livre explore une convergence, au milieu du XXe siècle, entre missionnaires catholiques, marchands d’art et mouvements iconoclastes du nord de la Côte d’Ivoire, qui aboutit à l’arrivée d’objets iconiques d’Afrique en Europe et en Amérique du Nord. Cet ouvrage s’interroge sur la présence et l’absence du poro, grand mécène patron pour les arts, et d’une institution au cœur de certaines constructions de l’identité sénoufo. Combinant une analyse historique avec des sculptures qui ne passent pas inaperçues, Senufo sans frontières propose un vaste panorama des arts régionaux et des identités culturelles dynamiques.
Susan Elizabeth Gagliardi est professeur adjoint d’histoire de l’art à l’Emory University d’Atlanta. Senufo sans frontières est le résultat de vingt-deux mois de recherches sur le terrain à l’ouest du Burkina Faso, où elle a étudié les communautés sénoufo et mande.