Ce volume est le deuxième de la collection « Gay’wu. Arts et savoirs aborigènes » qui a pour objectif de présenter des travaux monographiques portant sur des artistes aborigènes contemporains.
Wamulu – titre qui évoque une fleur jaune du désert qui pousse abondamment dans la région d’Alice Springs et qui sert de matériau de base pour les peintures ou les mosaïques au sol – réunit l’œuvre d’art collaborative du collectif composé de Ted Egan Tjangala, Dinny Nolan Tjampitjinpa, Johnny Possum Tjapaltjarri et Albie Morris Tjampitjinpa. Il s’agit d’un projet artistique exceptionnel qui a pris forme dans le désert central d’Australie entre 2002 et 2005. Il visait à rendre permanentes des peintures au sol qui sont impermanentes par essence ou éphémères par nature. Les peintures au sol sont une forme ancienne d’art remontant très probablement à plusieurs milliers d’années, et sont à l’origine réalisées à des fins cérémonielles, puis détruites une fois le rituel ou la cérémonie terminés. Jamais auparavant des œuvres d’art durables n’avaient été créées à l’aide des mêmes matériaux et techniques que ces peintures au sol traditionnelles.
Les thèmes de ces œuvres correspondent aux principaux Rêves des régions désertiques, tels que le Feu, l’Eau et l’Émeu. Le processus de production implique une interaction coordonnée entre le propriétaire (kirda) de l’histoire du Rêve et le « policier » ou responsable (kurdungurlu) qui l’assiste. Ces peintures contemporaines sont le résultat d’une performance ou d’un événement communautaire. Le chant est fondamental et fait partie intégrante du processus qui se déroule à l’instant présent. Les tableaux sont chantés en même temps qu’ils sont composés avec la matière, soulignant la continuité du lien avec la création ancestrale.
Georges Petitjean, historien de l’art, est conservateur de la collection Bérengère Primat et commissaire des expositions d’art aborigène contemporain de la Fondation Opale. Son doctorat à l’université La Trobe de Melbourne portait sur l’art du désert occidental australien. Son principal domaine d’intérêt est la transition de l’art australien aborigène de ses sites d’origine vers le monde de l’art. Il a vécu et travaillé en Australie pendant de nombreuses années et, depuis 1992, suit de près le travail de nombreux artistes en Australie centrale et dans le Kimberley. De 2005 à 2017, il a été conservateur du musée d’art aborigène contemporain (AAMU) à Utrecht, aux Pays-Bas. En 2017, il est nommé conservateur de la collection Bérengère Primat. Il a dirigé ou a été consultant de nombreuses expositions en Europe et en Australie, et continue d’écrire sur l’art et la culture aborigènes.
Howard Morphy est professeur émérite d’anthropologie à l’Institut de recherche de la faculté des sciences humaines de l’Australian National University, où il est responsable du Centre de recherche en sciences humaines digitales. Il a été récompensé par de nombreux prix et bourses de recherche prestigieux, notamment le Malinowski Memorial Lecture (1993), la Huxley Memorial Medal (2013). Il a beaucoup écrit et publié sur l’art et la religion des Aborigènes australiens, par exemple Ancestral Connections (Chicago, 1991), Aboriginal Art (Phaidon, 1998) et Becoming Art: Exploring Cross-Cultural Categories (Berg, 2007). Son ouvrage le plus récent est Museums, Infinity and the Culture of Protocols (Routledge, 2020). Son implication dans la recherche en ligne (e-research) et le développement d’expositions muséales reflète sa détermination à rendre la recherche en sciences humaines aussi accessible que possible à un public plus large et à réduire ainsi la distance entre le processus de recherche et ses résultats.
Arnaud Serval découvre l’art aborigène à l’âge de 19 ans, en feuilletant un livre. Il décide alors d’effectuer son premier voyage en Australie et d’aller à la rencontre de ces artistes. Durant les multiples séjours en Australie qui s’ensuivent, Arnaud Serval rencontre les différentes communautés du désert central, du Kimberley et de la Terre d’Arnhem. Il noue des liens très forts avec des artistes tels que Clifford Possum Tjapaltjarri, Emily Kame Kngwarreye, Timmy Payungka Tjapangati, ou encore Johnny Warangkula Tjupurrula. Pendant presque deux décennies, Arnaud Serval passe plusieurs mois par an dans le bush, partageant la vie de ses amis et louant des lieux tels que le Life Center afin que les artistes puissent venir y travailler à leur guise. Arnaud Serval s’est donné pour mission de faire connaître et reconnaître l’art aborigène en France et en Europe.