« L’image ne doit pas être comprise, mais regardée, sans plus,
bouche bée, sans effort intellectuel »
Sandor Marai
Dans l’île nommée Ichnusa par les Grecs et comparée à un pied humain, parmi les chardons sauvages, les touffes de lentisques et d’immortelles au parfum intense, dans des paysages brûlés par le soleil et battus par les vents, se trouvent des églises et des monastères fort anciens dont la plupart sont désaffectés. Il s’agit d’édifices portant un nom de saint, qui faisaient partie jadis d’un tissu urbain aujourd’hui déserté par les hommes, qui ont en commun un isolement qui en accentue la fascination paysagère : véritables miracles de pierre, d’une rare beauté, symbole de la sacralité intrinsèque du territoire. C’est dans cette Sardaigne méconnue, loin de la mer, que lors de son voyage dans l’arrière-pays Giancarlo Pradelli puise son inspiration. Son regard ne s’arrête pas seulement sur des édifices prestigieux, fruit des incursions culturelles historiques dans l’île, mais privilégie des constructions modestes de styles divers et des églises rustiques d’origine pastorale, que des artisans locaux ont bâties pour résister au vent et au climat méditerranéen. Souvenir vague des architectures d’origine, ces vestiges que la force corrosive du temps a souvent réduits à l’état de murs effondrés, ont pris une nouvelle forme, inexorablement destinée à connaître d’autres mutations silencieuses.
Après avoir enseigné la photographie pendant quelques années, Giancarlo Pradelli s’est installé aux États-Unis où il a approfondi sa technique du noir et blanc et du portrait. Il mène depuis longtemps des recherches sur l’architecture et le paysage Eolie (2005), Pierluigi Ghianda (2006), Home (2012). Ses clichés sont présents dans différentes collections publiques comme la Galleria Civica de Modène, le Studio e Archivio della Communicazione de l’Université de Parme et la Bibliothèque nationale de France.
Historienne de l’art et spécialiste d’étoffes anciennes, Elisabetta Bazzani a exercé son activité dans les domaines du développement et de la recherche à l’Istituto per i beni artistici, culturali, naturali de la Région Émilie-Romagne (IBC) et a enseigné auprès de l’Istituto superiore d’Arte « Adolfo Venturi » de Modène. Elle a pris part à l’organisation d’expositions et à la rédaction de catalogues sur les textiles et collabore avec L’Indice de Turin et la revue Jacquard de la Fondation Lisio de Florence.