Masterpieces from the Jolika Collection of M. and J. Friede
John Friede, Greg Hodgins, Philippe Peltier, Dirk Schmidt, Robert L. Welsch
Depuis des siècles, les arts de la Nouvelle-Guinée comptent parmi les moins connus du public européen. Une des raisons est géographique. la Nouvelle-Guinée est une île lointaine, aussi grande que la France et l’Italie réunies, située dans le Pacifique Sud, àl’est de l’Indonésie et au nord de l’Australie. Le territoire est montagneux avec des plaines côtières, le climat humide avec de fréquentes moussons. On dénombre près de mille langues sur l’île, où se côtoient différentes cultures et styles artistiques. L’attrait de l’art de la Nouvelle-Guinée réside dans sa variété et sa créativité.
Des siècles durant, les populations locales ont fabriqué des objets pour communiquer et interagir avec le monde des esprits. La plupart de ces objets, inspirés par des mythes et d’anciennes croyances religieuses, sont dignes des plus importants chefs-d’œuvre de la sculpture mondiale. Certains d’entre eux sont liés à la santé, à la fertilité ou àdes rites de passages ; d’autres invoquent la fin d’un deuil rituel, ou une protection contre le diable et la maladie. La réalisation des objets d’usage quotidien est toujours extrêmement raffinée, qu’il s’agisse des piliers de la maison, de la vaisselle, des canoës ou des boucliers. L’éventail des matériaux emprunte largement à la nature environnante : coquillages, pierre, plumes, os, bois, écorce, tissu, feuilles de sagoutier, noix et graines, cheveux humains et couleurs brillantes extraites de pigments naturels. et bien qu’àl’origine ces objets ne soient pas faits pour durer au-delàdes usages quotidiens ou des nécessités immédiates, ils ont survécu pendant des centaines et, dans certains cas, pendant des milliers d’années.
On peut maintenant admirer l’art de la Nouvelle-Guinée dans toute sa splendeur grâce àcette élégante publication en deux volumes réunissant plus de 650 chefs-d’œuvre de la collection de John et Marcia Friede, qui ont passé des dizaines d’années àles étudier et àles rechercher. Il n’est pas exagéré de dire que cette sélection de la plus importante collection privée du monde, que John et Marcia Friede ont baptisée Jolika en l’honneur de leurs trois enfants, offre aux lecteurs un panorama exhaustif de cet art. Le premier volume est un somptueux déploiement de planches magnifiques, toutes en couleurs, tandis que le second volume contient les essais de trois célèbres spécialistes et un important catalogue illustré, également dû àJohn Friede.
Cette splendide publication coïncide avec la réouverture, durant l’automne 2005, du De Young Museum de San Francisco, récemment rénové, une institution liée depuis des décennies aux arts du Pacifique Sud. Grâce au don généreux de John et Marcia Friede de leur collection au Museum of Fine Arts de San Francisco, celui-ci deviendra le principal centre d’étude et de conservation de l’art de la Nouvelle-Guinée.