Dans l'atelier de Rodin
Sous la direction de Nathalie Bondil
Auguste Rodin est l’un des plus grands sculpteurs de tous les temps, non seulement par son pouvoir de capter la complexité émotionnelle et psychologique des êtres humains, mais aussi pour avoir totalement renouvelé le langage même de la sculpture, en manifestant, en particulier, une passion pour l’acte de faire plutôt que d’achever une œuvre. Pour lui, aucune sculpture n’est jamais vraiment définitive et immuable.
Toutes ses créations en ronde bosse, comme tous ses dessins àpartir de 1896, demeurent en permanence porteurs de rebondissements, de transformations, de métamorphoses. L’interaction constante entre les accidents et le hasard dans son travail, les figures qu’il fragmente pour les recomposer par son ingénieux « assemblage », tout cela lui permet d’entretenir un dialogue avec son œuvre dans un flux de création continu. Le thème de la métamorphose est directement lié au travail de Rodin, sans modèle ni témoin, dans l’intimité de son atelier. L’atelier vu comme le lieu confidentiel de la transformation incessante (suivant divers processus) de pièces ou fragments de pièces, modelées précédemment d’après modèles. Les plâtres délicats comme les bronzes, les marbres, les dessins, les aquarelles et les photographies témoignent tous de cette intensité créative. Toutefois, l’« atelier » doit également être compris comme la petite communauté artistique qui travaillait pour et autour du maître. Celle-ci se composait de practiciens aux métiers spécifiques auxquels on doit la transformation d’un matériau en un autre, d’une dimension en une autre, sous la direction attentive du maître. Ce catalogue fait la lumière sur les divers processus de reprise et de transformation, prenant la mesure de la prodigieuse créativité du sculpteur.
Nathalie Bondil est la directrice et conservatrice en chef du musée des Beaux-Arts de Montréal.
Sophie Biass-Fabiani est conservatrice du patrimoine au musée Rodin de Paris.