Jewellery of the Batak in Sumatra, Indonesia
Achim Sibeth
Parmi les centaines de groupes éthniques qui vivent en Indonésie, les Batak sont sans doute les mieux connus. On a beaucoup écrit, au cours des trente dernières années, sur leurs traditions artistiques, leur architecture, leurs sculptures, leurs textiles, etc. Néanmoins, aucune de ces publications sur la culture batak ne s’est intéressée en profondeur àleurs bijoux traditionnels. Pour les Batak, l’or et autres métaux précieux n’étaient pas seulement d’une grande importance dans leur vie quotidienne ou au cours des célébrations publiques, ils avaient aussi des fonctions très particulières dans la religion traditionnelle.
Toutefois, l’aspect religieux des bijoux est pratiquement tombé dans l’oubli depuis le XIXe siècle, date de la conversion des populations au christianisme et à l’islam. Les bijoux des Batak se caractérisent par une grande diversité de formes et de matériaux. Ils ont joué toutes sortes de rôles au sein de la communauté — symbole du statut social, emblème de haut rang, attribut de l’appartenance àune tranche d’âge, amulette et talisman, ou simple ornement décoratif. Les bijoux étaient portés indifféremment par les hommes et les femmes ; même les bébés et les jeunes enfants portaient des bijoux d’or, d’argent, de laiton ou de bronze, ou faits d’un alliage d’or et de cuivre appelé suasa, mais ces bijoux, bien sûr, étaient différents en fonction du sexe et de l’âge de celui ou celle qui les portait. à€ notre époque, les Batak ne portent de bijoux traditionnels que pour certaines occasions, pour des fêtes ou des mariages. Si une famille ne possède pas de bijoux, il est d’usage qu’une autre famille lui en prête. Les bijoutiers et les orfèvres les prêtent aussi, mais àtitre néreux. Cependant, un grand nombre de familles se sont détachées de ces traditions et préfèrent s’épargner cette dépense. de nombreux modèles de bijoux présentés ici ne sont même plus connus sur leur lieu d’origine. Les bijoux traditionnels, pour la plupart, ont été fondus pour d’autres usages. Les 300 objets précieux qui figurent dans cet ouvrage auraient sans doute subi le même sort s’ils n’étaient pas arrivés sur le marché de l’art, puis dans les collections de la fondation Mandala et aujourd’hui, dans ces pages.
Achim Sibeth, né en 1954 àTübingen en allemagne, a étudié l’anthropologie culturelle et l’histoire de l’art à l’université de Fribourg, en Allemagne, où il s’est intéressé tout particulièrementauxcultures indonésiennes, et notamment celle des Batak, des Javanais et des Ngadha de l’île de Flores. Il a fait quantité de recherches de terrain en Indonésie, et écrit plusieurs ouvrages importants, ainsi que de nombreux essais sur l’art et la culture de ce pays. Il est réputé pour sa connaissance approfondie de l’art batak. Après avoir été pendant plusieurs années anthropologue au célèbre Linden Museum de Stuttgart dans les années 1980, Achim Sibeth a occupé le poste de conservateur de la Collection d’Asie du Sud-Est au Musée des cultures du Monde de Francfort-sur-le-Main, de1990 à2010. Il a aussi organisé de nombreuses expositions très bien accueillies par la critique, afin de promouvoir la connaissance et la compréhension de l’art indonésien, tant traditionnel que contemporain. Depuis avril 2010, il est conservateur et directeur des collections de la fondation Mandala àSingapour.