Photographies de Paul Starosta
Texte de Laurent Vallotton
Parce qu’ils sont ronds, fragiles et difficiles à manipuler, les œufs sont rarement présentés au grand public. C’est bien dommage car les détails de leurs motifs révèlent des beautés insoupçonnées. Déposés sur des arrondis aux lignes pures, ces dessins souvent minuscules mêlent arabesques, points, taches, ombres et même glacis. Les tonalités sont subtiles et souvent semi-transparentes. Mats ou brillants, poreux ou lisses, jamais ce qu’il convient d’appeler des chefs-d’œuvre sur coquille n’ont conjugué le hasard et la nécessité avec autant d’inventivité et de puissance.
Car derrière l’émotion, des questions : pourquoi ces couleurs ? Pourquoi ces formes ? Par exemple, pourquoi les guillemots pondent-ils des œufs très pointus, ornés de dessins et de couleurs extrêmement variables, alors que les chouettes et les hiboux ont des œufs quasi sphériques et parfaitement blancs ? Pourquoi les œufs des tinamous sont-ils lisses et brillants comme de la porcelaine ? Pourquoi les œufs des bouscarles sont-ils rouges, ceux des émeus presque noirs et ceux des accenteurs turquoise ? Pourquoi le kiwi pond-il un œuf qui pèse près du tiers de son poids ? Le plus gros œuf du monde pesait 9 kilogrammes. Y aurait-il une limite à la taille d’un œuf ?
Mis au défi par ces objets parfaits qui réclament un éclairage parfait, le photographe Paul Starosta s’est plongé dans les 30 000 œufs de la collection Werner Haller conservée au Muséum d’histoire naturelle de Genève. Vous tenez dans ce livre ses rencontres avec les plus intenses, les plus beaux œufs du monde.
Paul Starosta est biologiste et photographe. Associant ses deux passions – la nature et la photographie –, il a publié plus de quarante livres sur les plantes et les animaux, qui lui ont valu plusieurs récompenses. Le numéro 129 (2010) de la collection « Photo Poche », créée par Robert Delpire, publiée par Actes Sud, et qui fait référence dans le monde entier, lui est consacré. Avec 5 Continents Editions, il a publié Graines en 2016.
Né en 1969, Laurent Vallotton a obtenu son son diplôme de biologiste à l’université de Lausanne en 1993. Son intérêt pour l’environnement date de sa petite enfance au Brésil, mais sa passion pour les oiseaux s’éveille en 1989 quand il rencontre l’ornithologue Lionel Maumary, avec lequel il va s’investir dans plusieurs projets ornithologiques, notamment la mise en place d’une station de suivi de la migration dans les Alpes dès 1991, la construction d’une île pour les oiseaux sur le lac Léman en 2002 et la publication de la bible de l’ornithologie helvétique, Les Oiseaux de Suisse, en 2007. Depuis 2003, il est adjoint scientifique au Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève, où il a été commissaire de plusieurs expositions.