« Voilà ce que l’art doit faire: nous faire sentir plus unis. Sans cela, nous ne sommes pas des êtres humains. »
Maria Lai
C’est le 8 septembre 1984 que Maria Lai décide d’«attacher ensemble» les maisons d’Ulassai, village de sa terre natale, dans l’arrière-pays sarde.
Les maisons et leurs habitants qui vivent au pied de la montagne, entourés d’un théâtre de rochers, sont les acteurs de la première opération relationnelle réalisée en Italie. Maria Lai crée une œuvre qui fait appel au village tout entier et qui est accomplie par ses concitoyens. L’idée est de relier toutes les maisons avec un ruban qui sera ensuite fixé à la montagne surplombante, en guise de symbole de complicité entre les hommes en relation avec la nature et l’art.
Il s’agit d’une intervention totalement inédite qui naît de l’écoute des gens. Quand Maria Lai interroge les habitants d’Ulassai, elle comprend à travers leurs propos, les relations qu’ils entretiennent, les liens, les rancunes et même les amours, et elle se rend compte de devoir surmonter l’obstacle de la méfiance. L’artiste décide alors de mettre en évidence les liens qui unissent le village et de faire en sorte que le ruban se déploie de manière différente selon la nature de la relation entre les familles, entre une maison et l’autre. S’il y a un lien de parenté et d’affection, on ajoutera un pain de la fête au ruban; si les liens sont d’amitié, on fera un nœud; et s’il existe des motifs de rancune, le ruban suffira, sans autre signe.
Le volume Maria Lai. Legarsi alla montagna permet au lecteur de s’immerger dans l’inoubliable performance collective que Maria Lai organisa il y a quarante ans, grâce aux clichés d’une grande intensité de Piero Berengo Gardin qui photographia l’évènement; munie de pinceaux et d’aquarelles, l’artiste sarde est intervenu sur les clichés, transformant ainsi les images et déclinant de manière personnelle l’œuvre vivante réalisée à Ulassai.
L’ouvrage est disponible en version bilingue italien/anglais, et publié en collaboration avec la Fondation Maria Lai.
Piero Berengo Gardin (Venise 1933, Rome 2009). Architecte, réalisateur, historien et critique de la photographie, journaliste, musicophile, intellectuel éclectique, atypique et très moderne, jamais rassasié par la discipline qu’il pratiquait, il lui était presque impossible de choisir entre ses nombreuses passions, devenues des outils indispensables à son travail.
Travaillant pour la RAI depuis 1969, il a été l’auteur et le réalisateur de documentaires primés sur l’architecture avec Palladio, Titien, Alvar Aalto et le designer Tapio Wirkkala, sur la musique avec Outis, l’œuvre de Luciano Berio, sur l’art avec les programmes « Museo e città », « Grandi mostre medicee di Firenze », « Paul Klee », et sur la photographie avec le programme de série populaire « L’Italia nel cassetto ». Pour les éditions Contrasto, il a édité la traduction du journal intime de Robert Capa, « Fuori fuoco ».
Il enseigne l’histoire et la technique de la photographie au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome et la photographie, la télévision et l’environnement urbain à la faculté d’architecture de l’université La Sapienza de Rome. Il a été critique de photographie pour les quotidiens « Il Messaggero », « Paese Sera » et « Secolo XIX ».
Elena Pontiggia enseigne l’histoire de l’art à l’Académie des beaux-arts de Brera et à l’École polytechnique de Milan. Elle contribue en tant que critique d’art à divers journaux et magazines. Depuis 2011, elle écrit pour « La Stampa ». Il s’intéresse particulièrement à l’art italien et international de l’entre-deux-guerres et à la relation entre modernité et classicisme. Il s’intéresse aux écrits poétiques, publiant les principaux textes théoriques des artistes, de Cézanne et de l’avant-garde à Pollock. Depuis 2001, il est membre du comité scientifique de la Fondazione Stelline à Milan. Auparavant, il a été membre du comité scientifique du Padiglione d’Arte Contemporanea de Milan (jusqu’en 1993) et du conseil d’administration de la Quadriennale de Rome (de 2002 à 2006).